Fondation de Headville

L'Empire

Le territoire bordant la rivière Alsigantéka fut d'abord un territoire de chasse des amérindiens Abénakis. Puis la France prit possession de toutes les terres. Au XVIIe siècle, les Jésuites baptisèrent la rivière du nom de Saint-Antoine. Quelques canadiens s'y aventurèrent à l'occasion pour trapper. De rares colons tentèrent de s'y établir. Plus d'un siècle a passé ainsi, le silence des bois n'étant rompu que par les cris des bêtes et les craquements des arbres. Entre-temps, vers 1680, la rivière fut baptisée à nouveau du nom de rivière Saint-François.

L'Angleterre s'empara alors du pays et s'y installa à demeure. Les terres bordant la Saint-François ne tardèrent pas à éveiller la convoitise des marchands et financiers de l'Empire britannique. Londres s'empressa alors de faire arpenter celles-ci sous la direction du major Samuel Holland, inspecteur général des terres de la Couronne. Elles furent divisées en cantons, lesquels furent baptisés des noms de Grantham, Wickham, Simpson, Wendover, etc.


.
Carte de la région avec seigneuries et cantons, en 1813

Les Écossais du canton de Grantham

Une fois arpentées, le Colonial Office s'empressa de les distribuer. C'est ainsi que William Grant, grand défenseur de l'Empire pendant les années troubles de la Révolution américaine, se retrouva, avec ses associés de Longueuil, le 14 mai 1800, propriétaire de la moitié du canton de Grantham, soient 129 lots pour un total de 36 400 acres, selon Jean-Chrysostome Langelier, dans sa Liste des terrains concédés par La Couronne dans la Province de Québec de 1763 jusqu'au 31 décembre 1890, publié à Québec en 1891.

Ce William Grant, Écossais de naissance, était un marchand prospère et habile politicien. Il avait épousé devant l'Église catholique et devant l'Église d'Angleterre [sic], Marie-Anne-Catherine Fleury Deschambault, veuve de Charles-Jacques Le Moyne de Longueuil. Son négoce s'étendait de la pêche au phoque et au saumon, au prêt de capitaux en passant par les brasseries et la spéculation foncière. Cette dernière le perdra. Il est décédé le 5 octobre 1805 en laissant une succession chargée de tellement de dettes que son légataire y renonça en 1807. Ses terres dans le canton de Grantham furent saisies et revendues en 1808 à John Richardson, l'exécuteur testamentaire de William Grant et, également, l'époux de la nièce de Grant.

John Richardson était également Écossais de naissance, marchand prospère membre du Beaver Club, politicien, chef du contre-espionnage du Bas-Canada, milicien, juge de paix, fondateur de la Banque de Montréal et ardent défenseur de l'Empire. Il a épousé Sarah Ann Grant, le 17 décembre 1794, et a eu sept enfants de son union.

Suite à une demande du lieutenant-colonel Frederick George Heriot, au gouverneur Drummond, Richardson accepte, le 19 juin 1815, de se départir de ses lots dans les six premiers rangs du canton de Grantham, en échange de d'autres plus au sud dans le canton, pour permettre l'installation des militaires vétérans de la guerre de 1812. Toujours selon Langelier, ces derniers lots étaient au nombre de 148 et se trouvaient répartis du septième au treizième rang pour un total de 29 600 acres. Le tout est officialisé le 7 décembre 1815. Curieusement certains lots de ces rangs, comme par exemple les lots nos 2, 9, 16 et 23 du rang 7, ne lui seront accordés que le 9 janvier 1832. Le total des lots, accordés à cette date, sera cette fois de 5 600 acres. Malheureusement, le concessionnaire Richardson était décédé depuis le 18 mai 1831 à Montréal. Les lots primitifs nos 8 et 9 du rang 7, possédés par les Richardson allaient devenir quelques années plus tard, le centre du petit village du nom de Headville.

Quelques lots échapperont au contrôle de Richardson et de sa succession dans ces répartitions. En premier lieu, il s'agit des lots nos 1, 3, 4, 5 et 6 du rang 7 qui sont allés au riche marchand d'origine allemande Josias Wurtele le 22 février 1816. En deuxième lieu, il y a cette moitié sud-ouest du lot no 6 du rang 7. Cette concession est allée en mars 1828 à un vétéran du Régiment suisse de Watteville, Jean-Louis Ployart.
 

Les militaires licenciés

Le 29 juin 1815, Heriot installe les premières baraques militaires sur le deuxième rang du canton de Grantham, au centre de ce qui deviendra Drummond's Ville ou Drummondville. Puis il distribue les terres aux soldats licenciés. Le 11 janvier 1817, l'arpenteur Joseph Bouchette de Québec fait un relevé de ces concessions dans les cantons de Wickham et de Grantham. Un rapide calcul nous donne 168 concessionnaires pour le canton de Wickham et un total de 203 pour le canton de Grantham. Sur la carte de l'arpenteur Bouchette, un concessionnaire possède à lui seul la moitié du canton de Grantham. Il s'agit du riche marchand John Richardson.

Alors qu'ils étaient une quinzaine sur la carte de Bouchette du 11 janvier 1817, nous découvrons qu'il n'y a plus que huit vétérans du Corps des Voltigeurs qui obtiennent des concessions dans le canton de Grantham sur les « Lists and Returns of Grants » des Lower Canada Land Papers rédigés quelques années plus tard. Ils ont pour noms Abraham Ayotte, Charles McCarthy (lieutenant), Pierre Allard, John Livingstone (sergent), Benjamin Langlois, Jean Gervais, André Prévost et Hyacinthe Prévost, sans parler du lieutenant-colonel Frederick George Heriot lui-même.

De nombreuses concessions vont aux vétérans de l'armée britannique régulière. Du 27e Régiment d'infanterie (Royal Inniskilling Fusiliers), mentionnons Patrick Travers, Hugh McAffrey, James Doonan, Patrick Mooney, William Mountain, Jeremi Murdock, James Robinson, William Forsyth et Patrick Smith.

Plusieurs autres régiments de l'armée régulière sont représentés : le 39e Régiment d'infanterie (James Watkins), le 49e Régiment d'infanterie (Bernard Heeling, Lawrence Moore, George Braithwaite, Peter Plunkett, John Whitaker, Thomas Kennedy), le 81e Régiment d'infanterie (Enoch Jones, Thomas Jenkins), le 88e Régiment d'infanterie (Michael Horry, Francis Toomond, John McManus), le 90e Régiment d'infanterie (Daniel McDermott, Timothy Booth, Thomas Delaney) et le 4e Bataillon Royal Vétéran (James Currie, James Pratt, William Warrington, Thomas Jones, James Hook, John Meares).

Enfin du Régiment suisse de Watteville, mentionnons les soldats Laurent Aliprandi, Albert Draus, Oswald Etterly, Ignace Hodossÿ, Martin Savina et Nicolas Weber de même que les capitaines John Louis Ployart et Rodolphe Steiger lequel allait devenir médecin quelques années plus tard.
 

Les vétérans du Régiment de Meuron

Ce n'est qu'au printemps 1816 que sont licenciés peu à peu les soldats du Régiment suisse de Meuron. Un bon nombre décident de demeurer au pays. Certains partent pour la colonie de la Rivière Rouge (Manitoba), avec Lord Selkirk, et d'autres se rendent à William Henry (Sorel) puis remontent la rivière Saint-François jusqu'à la colonie de la rivière Saint-François. Comme ils arrivent au dépôt de Drummondville les derniers, le surintendant Heriot leur attribue les dernières concessions, soient celles situées dans les rangs 4, 5 et 6 du canton de Grantham, les plus éloignées de la rivière. À une exception près, toutefois, une des concessions attribuée à William Robins située dans le premier rang (lot no 14).

Voici, selon la carte de Bouchette du 11 janvier 1817, la liste des 49 vétérans du Régiment de Meuron qui obtinrent des concessions dans le canton de Grantham :

  • Pierre Adolphe (lot no 14 du rang 6);
  • François Amidano (lot no 17 du rang 6);
  • Ulrick Amman (lot no 18 du rang 4);
  • Jean (Johan) Antoine (lot no 28 du rang 5);
  • Charles Arnold (lot no 13 du rang 6);
  • Antoine Ballo (lot no 18 du rang 5);
  • Jean-Dominique Benassio, ex-sergent (lot no 16 du rang 6);
  • Louis Bender (lot no 15 dans le rang 6);
  • Jean-Baptiste Bernardin (lot no 19 du rang 5);
  • Joseph Cavalier (lot no 26 du rang 5);
  • John Clang (Klein) (partie sud du lot no6 du 4e rang);
  • Jean-Baptiste Declair (lot no 26 du rang 5);
  • Pierre (Dupuis dit) Hoffmann (lot no 21 du rang 3);
  • Thomas Ello (lot no 27 du rang 5);
  • Nicolas Fenouillet (lot no 5 du rang 6);
  • Antoine Ferrare (lot no 25 du rang 5);
  • Jean (Johan) Fillinger (lot no 16 du rang 4);
  • Peter Freiden (lot no 18 du rang 4);
  • Gaspard Glatz (lot no 15 du rang 4);
  • Joseph Guenon (lot no 27 du rang 5);
  • Frederic Haselbach (lot no 17 du rang 3);
  • Jacob Hecky (lot no 14 du rang 6);
  • Jean-Jacob Hemmer (lot no 23 du rang 3);
  • Jean-Jacob Hermann (lot no 6 du rang 6);
  • Joseph Jaeger (lot no 14 du rang 3);
  • Jean Joseph (lot no 14 du rang 4);
  • Johann Kocher (Koker) (lot no 16 du rang 6);
  • Joseph Koenig, ex-caporal (lot no 23 du rang 4);
  • John Leckinger (lot no 19 du rang 6);
  • Jean Lochut (Lochet) (lot no 25 du rang 5);
  • Jonas Linstein (Zinstein) (lot no 12 du rang 6);
  • David Lombard (lot no 1 du rang 6);
  • Johan Loutz (lot no 28 du rang 5);
  • Jean (John) Maurer (lot no 18 du rang 3);
  • David Montandon (lot no 26 du rang 6);
  • Jean-Thomas Neiderer (lot no 16 du rang 5);
  • Jacques Pérouset (Perussett) (lot no 19 du rang 5);
  • Pierre Pongler (lot no 18 du rang 5);
  • William Robins, ex-lieutenant (lot no 14 du rang 1);
  • Antoine Roussi (Rupsis), ex-fusilier (lot no 27 du rang 6);
  • François Sabolle, ex-sergent (lot no 28 du rang 6);
  • Michel Scheller (lot no 15 du rang 6);
  • André Sousseau (Suzo) (lot no 7 du rang 6);
  • Jacob Stephan (lot no 16 du rang 5);
  • Jacques Talmond, ex-caporal (lot no 21 du rang 4);
  • Boniface Tenscher (lot no 16 du rang 3);
  • Jean-Baptiste Vandelack, ex-caporal (lot no 28 du rang 6);
  • Jean-Baptiste Verdy, ex-tambour (lot no 16 du rang 4);
  • Antoine Walter (lot no 16 du rang 3);
  • Jacob Wertz (Wurtz) (lot no 17 du rang 3);
  • Avec ses 49 vétérans, l'ancien Régiment de Meuron représentait à lui seul 24 % du total des concessionnaires du canton. Pour le canton de Wickham, la proportion s'établit à 20 % avec 34 vétérans du Régiment de Meuron. Il est également possible que ces chiffres soient plus élevés, l'orthographe de Bouchette nous interdisant de faire certains rapprochements avec d'autres patronymes de vétérans.

    Selon les  « Lists and Returns of Grants » des Lower Canada Land Papers, voici les noms des vétérans du Régiment de Meuron qui obtinrent des concessions dans le canton de Grantham exclusivement :

  • Charles Arnold (partie sud du lot no 13 du rang 6);
  • Pierre-Joseph Boutiller (partie nord du lot no 9 du rang 5);
  • John Clang (Klein ?) (partie sud du lot no 6 du rang 4);
  • Thomas Ello (partie sud du lot no 27 du rang 5);
  • Thomas French (partie nord du lot no 22 du rang 2);
  • Joseph Guenon (partie nord du lot no 27 du rang 5);
  • Jacob Hermann (bout ouest du lot no 6 du rang 6);
  • Jean Joseph (partie nord du lot no 14 du rang 4);
  • Jean Leckinger (partie sud du lot no 19 du rang 6);
  • Stephen Lutz (partie sud du lot no 10 du rang 6);
  • Duncan C. Napier, ex-lieutenant (lot no 27 du rang 6);
  • John Niderer (partie nord du lot no 16 du rang 6);
  • Jacques Perussel (partie nord du lot no 19 du rang 5);
  • William Robins, ex-lieutenant (lot no 26 du rang 6);
  • Antoine Roussi (partie sud du lot no 7 du rang 6);
  • Francis Sabolle (partie sud du lot no 28 du rang 6);
  • André Suzo ou Sousseau (partie sud du lot no 7 du rang 6);
  • Jacob Wertz (partie nord du lot no 19 du rang 6);
  • Jonas Zinstein ou Linstein (partie nord du lot no 12 du rang 6);
  • Et enfin voici la liste des lettres patentes émises à des vétérans du Régiment de Meuron dans le canton de Grantham, selon Jean-Chrysostome Langelier, dans son livre Liste des terrains concédés par la Couronne dans la Province de Québec de 1763 jusqu'au 31 décembre 1890, publié à Québec en 1891, par Charles-François Langlois : Les numéros de lots mentionnés sont évidemment les numéros des lots primitifs et non ceux utilisés depuis la réforme du cadastre en 1895. C'est dans ce même rang 6 qui fait face au rang 7 de Grantham que se fera le chemin de Yamaska reliant Drummondville à Sorel (William-Henry). C'est également sur ce même chemin que se développera quelques années plus tard Headville.
     

    Les pionniers du rang 6 du canton de Grantham

    De la vingtaine de soldats licenciés du Régiment de Meuron qui obtinrent des lettres patentes de concessions dans le canton, certains n'y firent que de rares apparitions. Quelques uns tout au plus s'y établirent vraiment, avec leurs femmes et enfants. Au recensement de 1831, il ne restera plus que sept vétérans du Régiment de Meuron dans le canton de Grantham. Péniblement, avec les maigres rations et outils qu'on leur avaient donnés et avec l'aide de leurs enfants, ils ont ouvert le chemin de Yamaska aux Canadiens français.

    Dans le passé, plusieurs historiens, laïcs et religieux, nous ont raconté des histoires touchantes sur ces pauvres malheureux vivants seuls, éloignés de toute civilisation, proies des ours et des mouches noires. Une part seulement de ces histoires est vraie. Pensez au fait que ces derniers n'avaient plus à subir la discipline de fer du régiment et ses longues marches forcées. Ils n'avaient plus à tuer ou encore à échapper aux balles et aux fièvres. Le silence de la grande forêt du canton devait apaiser leurs esprits encore remplis des cauchemars des champs de bataille. Et le gibier abondant devait leur permettre de remplir leurs estomacs à l'occasion.

    Le notaire Joseph-Charles Saint-Amant, dans son livre L'Avenir, Townships de Durham et de Wickham, publié par L'Écho des Bois-Francs d'Arthabaska en 1896, raconte également une histoire des plus romantiques à propos du soldat André Sousseau (Suzo). Celui-ci avait été obligé de laisser sur l'île de Malte, lieu où était stationné le Régiment de Meuron avant son départ au printemps 1814 pour le Bas-Canada, une belle Maltaise dont il était follement amoureux. Celle-ci, également éprise, s'était précipitée dans une chaloupe et avait ramé désespérément vers le navire. Le capitaine avait accepté de la faire monter à bord, à la condition expresse que Sousseau l'épouse à son arrivée à Québec.

    C'était pratique courante dans l'armée à cette époque de laisser femmes et enfants au port, sans le secours de la solde de l'époux. Un certain nombre de familles de soldats, par tirage au sort, pouvaient embarquer et suivre le régiment dans ses déplacements en échange de menus services comme la préparation des repas, les lavages, etc... Dans le cas du couple qui nous préoccupe, soit André Sousseau et de cette belle Maltaise, du nom de Carmelle Carare, disons qu'il a fait inhumer, le 18 juillet 1814, à Chambly, une fille décédée la veille à l'âge de trois ans et huit mois. Le notaire Saint-Amant a donc oublié de mentionner certains détails ...

    On nous a également laissé comme information que ces soldats concessionnaires n'étaient pas de la race des défricheurs, qu'ils se sont découragés devant l'ampleur de la tâche et que, finalement, ils ont fui vers d'autres cieux. Ces soldats qui avaient combattu sur plusieurs continents n'ont pas fui. Certains exerçaient des métiers avant de s'engager dans le régiment et ont préféré les reprendre dans les villes (maîtres d'école, cordonniers, tonneliers, etc.). Plusieurs sont décédés des suites de maladies contractées dans les pays chauds. D'autres, avancés en âge ou usés par la vie militaire, n'avaient plus la force, tout simplement. Pour les autres qui sont demeurés sur leurs concessions de Grantham, voici des fragments de leur histoire et celle de leur famille.
     

    La famille de Jos Karl Arnold (Charles Arnold)

    Selon Langelier, Jos Karl Arnold connu ici sous le nom de Charles Arnold obtient les lettres patentes le 24 mai 1822 du lot no 13 (partie sud) du rang 6 du canton de Grantham, un lot d'une superficie de 100 acres. Ce Charles Arnold était vétéran du Régiment de Meuron. Il s'était engagé le 4 octobre 1808 à l'âge de 27 ans. Son numéro d'enrôlement était le 1637 au livre du régiment. Ce dernier est alors stationné à l'île de Malte au beau milieu de la Méditerranée. Arrivé au Bas-Canada à l'été 1813, Charles est là lors de la bataille de Plattsburgh, dans l'État de New York, en septembre 1814, et il est licencié avec tous les autres au printemps 1816. Il se marie, le 7 novembre 1816, à Marie-Louise Meunier, de Chambly, à la Christ Church de Sorel.

    Le 18 janvier 1818, il fait baptiser à l'église catholique Saint-Frédéric de Drummondville, une fille du nom de Charlotte née le 12 novembre 1817. Et d'autres enfants viendront ensuite grossir la famille : Charles (1819), Jacob, Michel (1823), Jacques (1825), Marie-Louise (1827), Joseph (1829), Firmin (1831), Antoine (1833), Marguerite (1835) et Marie-Clothilde (1837). Ces enfants marieront des fils et des filles de la région, contribuant à la développer. Une partie de la famille ira toutefois s'établir du côté de Compton, puis aux États-Unis et le patronyme d'Arnold disparaîtra du canton de Grantham.

    .

    .
    Signature de Jos Karl Arnold le 1er avril 1829 au baptême de son fils Joseph

    La famille de Joseph Guenon

    Selon Langelier, Joseph Guenon obtient les lettres patentes du lot no 27 (partie nord) du rang 6 du canton de Grantham, le 24 mai 1822. Le lot est d'une superficie de 100 acres. Joseph Guenon, né le 2 mai 1782, à Vellexon en Haute-Saône (France), fils de Claude Guenon et de Jeanne Pocley, de la Franche-Comté (France), était également vétéran du Régiment de Meuron. Il s'était enrôlé à l'âge de 24 ans, le 30 mai 1809, à Gibraltar, selon le livre du régiment. Il mesurait cinq pieds cinq pouces. Arrivé au Bas-Canada à l'été 1813, il est là lors de la bataille de Plattsburgh dans l'État de New York, en septembre 1814, et est licencié en 1816.

    Il se marie toutefois le 4 septembre 1815, à Montréal, à Josephte Trottier dit Roy de Montréal, fille de Toussaint Trottier et de Marie Brisebois de Sainte-Geneviève. Son épouse décède malheureusement le 21 février 1821 et l'inhumation se fait le 24, dans la paroisse de Saint-Michel de Yamaska. Puis il se marie en secondes noces, le 1er mars 1824, à Saint-Michel de Yamaska, à Catherine Morisset, fille de Jean-Baptiste et Charlotte Goyet. Au recensement de 1831, le vétéran habite le 7e rang du canton de Grantham. Son nom apparaît également à plusieurs reprises au registre de la paroisse Saint-Frédéric de Drummondville. Le vétéran Guenon décède le 27 novembre 1857 et est inhumé le 29, à Saint-Germain. Au recensement de 1861, son épouse Catherine Morisset est déclarée veuve et sans enfant.
     

    La famille de Jean-Jacob Hermann

    Selon Langelier, Jean-Jacob Hermann obtient les lettres patentes du lot no 6 (bout ouest) du rang 6 du canton de Grantham au 24 mai 1822. Le lot est d'une superficie de 100 acres. Ce Jean-Jacob Hermann était également vétéran du Régiment de Meuron. Il s'était enrôlé à l'âge de 27 ans, le 18 août 1810, à Carthagène, en Espagne. Il mesurait cinq pieds et sept pouces. Arrivé au Bas-Canada à l'été 1813, il est là lors de la bataille de Plattsburgh, dans l'État de New York, en septembre 1814, et il est licencié avec tous les autres au printemps 1816.

    Il est déjà marié à Maria-Anna Roanarine. Selon le minutier du notaire René Boileau, il prend à son service pour une durée de 19 ans, Antoine-François Aiser, âgé de deux ans et demi, le 19 juillet 1814, à Chambly. De tous les baptêmes et mariages de ses amis, il n'aura cependant aucune descendance directe. Et le 27 juillet 1834, il est présent à la sépulture de son épouse Marie-Anna décédée le 25, à l'âge d'environ 43 ans, selon le registre de l'église Saint-Frédéric de Drummondville.

    Herman s'est marié en secondes noces, le 11 novembre 1834, à Drummondville, avec Catherine Meaher, veuve de Patrick Scallon, un maître d'école, en présence de Louis Riff, un ex-compagnon d'armes. Il occupe les lots 6 et 15 du rang 6 sur le Rôle de l'Évaluation de Grantham fait par ordre du Conseil Municipal de Drummond No. un, le 6 mars 1851. Toutefois son nom n'apparaît pas au recensement de 1861.
     

    La famille de John Leckinger

    Selon Langelier, John Leckinger obtient les lettres patentes le 24 mai 1822 du lot no 19 (partie sud) du rang 6 du canton de Grantham, un lot d'une superficie de 100 acres. John Leckinger était vétéran du Régiment de Meuron. Il s'était enrôlé à Gibraltar, le 30 mai 1809, et avait le no 1601. Il mesurait cinq pieds neuf pouces selon le livre du régiment.  Dès l'automne 1809, son nom apparaît sur les listes de paie du régiment alors stationné à l'île de Malte. Arrivé au Bas-Canada à l'été 1813, il est là lors de la bataille de Plattsburgh, dans l'État de New York, en septembre 1814, et il est licencié avec tous les autres au printemps 1816.

    Il se marie, le 10 octobre 1814, à Charlotte Boulet (ou Boilé ?), de Montréal, à la Christ Church de Montréal. Le 7 mai 1816, à Laprairie, il fait inhumer une fille anonyme née le 6. Installé sur le chemin de Yamaska, il fait ensuite baptiser, à l'église Saint-Michel de Yamaska, le 23 juin 1820, un fils du nom de Jean né le 5. Suivra le baptême au même endroit, le 7 mars 1823, d'une fille du nom d'Archange née le 2. Puis ce sera le tour d'un autre fils du nom de Jean né le 30 août et baptisé, à Yamaska toujours, le 3 octobre 1824. Enfin, le vétéran fera baptiser, le 2 novembre 1825, à l'église Saint-Frédéric de Drummondville une fille du nom de Marie née le 23. D'autres enfants suivront et seront baptisés à Drummondville : Sophie (1827), Grégoire (1828) et Angèle (1831). Archange, Marie et Sophie décéderont en bas âge. Le vétéran Leckinger et son épouse décèdent quelques années plus tard, soit au printemps 1842, dans des circonstances probablement tragiques. Jacob Wirtz devient le tuteur des deux derniers enfants, toujours mineurs.
     

    La famille de Johan Thomas Niederer

    Selon Langelier, Thomas Niederer obtient les lettres patentes le 24 mai 1822 du lot no 16 (partie nord) du rang 5 du canton de Grantham, un lot d'une superficie de 100 acres. Toutefois selon les Lower Canada Lands Papers, il est mentionné comme étant concessionnaire du lot no 16 (partie nord) du rang 6 de Grantham. Johan Thomas Niederer, fils de Diethelm Niederer et de Maria Camastral, est né le 12 août 1785, à Felsberg, en Suisse, selon les recherches du généalogiste Pierre Champagne, de Valcourt. Il était vétéran du Régiment de Meuron. Il s'était enrôlé le 9 juin 1809 à l'âge de 22 ans selon le livre du régiment. Il mesurait cinq pieds deux pouces et avait le no 1908. Ce même livre le disait originaire de Felsberg, en Suisse. Puis son nom apparaît sur les listes de paie du régiment alors stationné à l'île de Malte. Arrivé au Bas-Canada à l'été 1813, il est là lors de la bataille de Plattsburgh, dans l'État de New York, en septembre 1814, et il est licencié de la 5e compagnie le 24 mai 1816 avec deux mois de salaire en prime.

    Sa conjointe se nomme Charlotte Meunier. Il fait baptiser, le 2 juin 1816, à l'église Notre-Dame à Montréal, un fils du nom de Laurent né le même jour. Un autre fils du nom de Thomas naît vers la fin octobre 1819. Puis il fait baptiser, le 1er septembre 1822, à l'église Saint-Frédéric de Drummondville, un fils du nom de David né le 15 août. Les autres enfants suivent : Martine dite Mathilde (1825), Narcisse (1827), Catherine (1829), Joseph (1830), un enfant anonyme mâle (1832), Pierre (1834), Julie (1837) et Charles (1840).

    Thomas Niederer sera le premier maire élu du tout nouveau village de Saint-Germain-de-Grantham le 8 février 1858, le nom de Headville n'ayant finalement pas obtenu la faveur populaire. Selon les Dominion Sessional Papers, à l'âge de 90 ans, en 1875, il réclame à titre de vétéran de la guerre de 1812, une allocation de 20 $ offerte par le gouvernement canadien, allocation qui lui sera refusée en 1876, la raison étant qu'il avait servi dans un corps impérial britannique et non dans la milice canadienne. Le vétéran Niderer décède le 31 août 1879 et est inhumé le 2 septembre, à Saint-Germain. Le notaire Saint-Amant le présente en 1896 comme étant un grand conteur. Ses proches descendants seront fromagers et épouseront des fils et des filles du pays. Ces derniers sont aujourd'hui répandus dans toute l'Amérique.

    .

    .
    Signature de Thomas Niderer
    au baptême de son fils Laurent, le 2 juin 1816

    La famille de François Sabolle

    Selon Langelier, François Sabolle obtient les lettres patentes le 24 mai 1822 du lot no 28 (partie sud) du rang 6 du canton de Grantham, un lot d'une superficie de 100 acres. François Sabolle, né vers 1786 dans les Vosges, en Lorraine (France), et fils de François Sabolle et de Marie Hagnan selon l'acte de mariage, était vétéran du régiment de Meuron. Il s'était enrôlé le 9 juin 1809 à l'âge de 21 ans selon le livre du régiment. Il mesurait cinq pieds sept pouces. Arrivé au Bas-Canada à l'été 1813, il est de la bataille de Plattsburgh dans l'État de New York, en septembre 1814 et il est licencié le 2 mai 1816 avec deux mois de salaire en prime. Puis il se marie, à l'église Notre-Dame de Montréal, le 12 février 1816, à Adélaïde Gravel, fille de Joseph Gravel, tonnelier, et de Claire Lamorille de Montréal.

    De son mariage avec Adélaïde naîtront plusieurs enfants : François (baptisé à Yamaska en 1822), Jean-Baptiste (inhumé à Yamaska en 1823), Bibiane (baptisée à Yamaska en 1824) et Joseph (baptisé à Yamaska en 1826).  Jean-Baptiste et Bibiane décéderont dans leur tout jeune âge. Un autre fils, Antoine, sera baptisé cette fois à Drummondville en 1828. Sabolle et sa famille quittent vers 1829 le canton de Grantham pour le canton de Stanstead.

    C'est là qu'il fait baptiser, le 28 mai 1839, un fils du nom de Félix né deux ans et trois mois plus tôt soit vers la fin février 1837. Il fait également baptiser un autre fils le même jour, soit le 28 mai 1839, du nom de Louis né trois semaines auparavant. Et enfin il fait baptiser le 11 juillet 1842, toujours dans le canton de Stanstead, une fille du nom de Marie-Philomène née le 13 juin de la même année.

    Enfin, par contrat notarié passé devant le notaire Joseph Rousseau, de Baie-du-Febvre, le 25 février 1845, Sabolle, alors résidant du canton de Stentil [sic], vend à François Clair-Houle et Pierre Clair-Houle, le lot no 28 (partie sud) dans le rang 6 du canton de Grantham, lot d'une superficie de 100 acres.

    Le vétéran Sabolle décède, le 26 décembre 1869, à Stanstead, sa nouvelle terre d'adoption.
     

    La famille d'André Sousseau (Sauzo, Suzo)

    Selon Langelier, André Sousseau obtient les lettres patentes, le 24 mai 1822, du lot no 7 (partie sud) du rang 6 du canton de Grantham, un lot d'une superficie de 100 acres. André Sousseau ou Suzo, selon l'orthographe des curés de Drummondville, était vétéran du Régiment de Meuron. Dès 1808, son nom apparaît sur les listes de paie du régiment alors stationné à l'île de Malte. Il s'était enrôlé, le 8 juin 1808, à l'âge de 28 ans selon le livre du régiment. Italien d'origine, il mesurait cinq pieds et quatre pouces. Arrivé au Bas-Canada à l'été 1813, il est de la bataille de Plattsburgh, dans l'État de New York, en septembre 1814, et il est licencié de la 5e compagnie le 24 juillet 1816.

    Sa conjointe, Carmelle Carare, et lui font inhumer, le 18 juillet 1814, à Chambly, une fille du nom de Joséphine, décédée la veille à l'âge de trois ans et huit mois. Saint-Amant nous apprend que sa conjointe est d'origine maltaise. Sousseau fait baptiser, le 29 décembre 1822, à l'église Saint-Frédéric de Drummondville, un fils du nom d'André né le 11 juillet. Puis la famille Sousseau disparaît on ne sait où.
     

    La famille Jacob Wirtz (Vertz)

    Selon Langelier, Jacob Wirtz obtient les lettres patentes le 24 mai 1822 du lot no 19 (partie nord) du rang 6 du canton de Grantham, un lot d'une superficie de 100 acres.  Jacob Wurtz, ou Vertz selon l'orthographe des curés de Drummondville, était vétéran du Régiment de Meuron. Suisse d'origine, il s'était enrôlé, le 15 mai 1812, à l'âge de 22 ans selon le livre du régiment. Il mesurait cinq pieds et quatre pouces. Arrivé au Bas-Canada à l'été 1813, il est de la bataille de Plattsburgh, dans l'État de New York en septembre 1814 et il est licencié en tant que caporal au printemps 1816.

    Il se marie le 14 juillet 1816, à la Christ Church de Sorel, à Angélique (Archange) Boulay de Montréal. Un fils du nom de Jacob et une fille du nom de Julie naissent à Montréal ou Sorel. Puis il fait baptiser, le 4 novembre 1824, à l'église Saint-Frédéric de Drummondville, une fille du nom de Sophie née le 6 octobre. D'autres enfants naissent : Julie (1825), Jacob, un enfant anonyme (1828), un autre enfant anonyme (1829), Angèle (1830), Émilie (1831), un autre enfant anonyme (1833), Daniel (1834), Jean (1835), Joseph (1837), un enfant anonyme (1838), un autre enfant anonyme (1841) et David (1842). Presque tous ses enfants meurent en bas âge.

    Le 3 avril 1844, Jacob Wirtz, père et fils, vendent pour 25 livres à Hugh McCaffrey une partie du lot no 19 dans le rang 6 du canton de Grantham, ayant deux acres de front et bordé par la route de Yamaska. Toutefois le vétéran occupe toujours le lot no 19 du 6e rang du canton de Grantham selon le rôle d'évaluation de 1849. Il occupe même, en plus, le lot no 20. Mais il n'est plus là sur le Rôle de l'Évaluation de Grantham fait par ordre du Conseil Municipal de Drummond No. un, le 6 mars 1851. Cette famille semble donc quitter le canton de Grantham vers 1850.
     

    La famille d'Antoine Roussi

    Concessionnaire de la partie sud du lot no 7 du 6e rang du canton de Grantham selon les « Lists and Returns of Grants » des Lower Canada Land Papers, et selon Langelier, Antoine Roussi était aussi un vétéran du Régiment de Meuron. Il apparaît sur les listes de paie à l'île de Malte en décembre 1809. Arrivé au Bas-Canada à l'été 1813, il est de la bataille de Plattsburgh, dans l'État de New York, en septembre 1814 et il est licencié de la  8e compagnie le 24 mai 1816.

    Il se marie toutefois le 3 juillet 1815, à Montréal, à Charlotte Dubois, fille de François et de Charlotte Lasnier. Il s'installe, à l'été 1816, sur son lot dans Grantham. C'est là que naîtront au moins deux enfants, Christine en 1818 et Joseph en 1822, lesquels seront baptisés à l'église Saint-Michel de Yamaska.

    Son épouse étant décédée le 12 janvier 1829, le vétéran Roussi épouse en secondes noces, le 7 juillet 1829, à Yamaska, Julie Danis, fille de Joseph et de Marie Bibault. Au moins un autre fils naîtra de ce mariage, il s'agit de Louis lequel épousera Angèle Cournoyer le 9 avril 1853 à Saint-David de Yamaska.

    Peu après son second mariage, Roussi vend sa terre du 6e rang, le 7 janvier 1830, à Antoine Joyal et la famille Roussi quitte le canton pour s'installer définitivement à Yamaska. C'est là que le vétéran Roussi décède, le 7 juillet 1832. Un accident géologique porte le nom du vétéran soit la côte à Roussi sur le chemin de Yamaska dans le canton de Grantham.
     

    La famille de Jacques-Philippe Perrousselle

    Le vétéran Perrousselle fut concessionnaire du lot no 19 dans le rang 5 du canton de Grantham (100 acres) selon la carte déposée par Joseph Bouchette le 11 janvier 1817, selon Jean-Chrysostome Langelier, au 24 mai 1822 et selon la liste no 33 des concessions du canton de Grantham, du 24 mai 1822. Il s'était enrôlé le 9 juin 1809 à l'âge de 21 ans selon le Livre du Régiment de Meuron. Arrivé au Bas-Canada à l'été 1813, il est de la bataille de Plattsburgh, dans l'État de New York, en septembre 1814 et il est licencié de la 1re compagnie le 24 mai 1816 avec deux mois de salaire en prime.

    Perrousselle se marie, le 23 novembre 1818, à l'église Saint-Michel de Yamaska, à Marguerite Nadeau, fille de Jean-Baptiste et d'Agathe Laferté. Il était le fils de Prosper et de Claire Cavelle, de la ville de Lyon (France), selon l'acte de mariage.

    C'est à Yamaska qu'il fera baptiser au moins trois enfants, Jacques-Philippe en 1819, Marguerite en 1821 et François en 1823. À chaque baptême, le père est dit résidant de cette paroisse. Il semble donc que Pérousselle ait défriché son lot dans le canton de Grantham pendant les trois ans exigés pour l'obtention de celui-ci et qu'il se soit ensuite installé à Yamaska, là où se trouvait la famille de sa jeune épouse et où il accueillait ses anciens compagnons en visite pour quelques jours.

    .

    .
    Signature de Jacques-Philippe Perrousselle

    La famille Jean-Baptiste Bernardin

    Il nous faut parler absolument du cas de Jean-Baptiste Bernardin lequel fut concessionnaire du lot no 19 du 5e rang du canton de Grantham selon la carte déposée par Joseph Bouchette le 11 janvier 1817. Ce vétéran de Meuron, né le 23 janvier 1784, à Ruaux, en Lorraine, s'était enrôlé le 9 juin 1809 à l'âge de 26 ans selon le livre du régiment. Il était le fils de François Bernardin et de Marguerite Dautel. Il mesurait cinq pieds et six pouces et était tailleur de métier. Lui et sa femme, Marie Taillefer, épousée le 12 février 1816, à Montréal, sont donc sur cette terre du canton de Grantham dès l'été 1816. Puis ils déménagent avec leur jeune fils Jean-Baptiste, à l'été 1819, à Nicolet où Bernardin obtient une terre sur l'Île-à-la-Fourche. Il a complété les trois ans de durs labeurs exigés pour obtenir les lettres patentes de sa concession dans le canton de Grantham et il a rempli toutes les conditions nécessaires. Et là, à Nicolet, il fait baptiser François (1819-1820), Marie-Angélique (1820), Charles-Michel (1823), Marie-Louise (1824-1912), Joseph (1826-1915), Marguerite (1828), Marie-Élyse (1831-1908), Jules-Théophile (1833), Giles-Clotilde (1835), Charles-Jules (1837), Adolphe (1839) et Napoléon (1841).

    Mais pendant qu'il est à s'installer sur sa nouvelle terre, sa concession dans Grantham est reprise par la Couronne et attribuée, selon Langelier, à George Horton qui en reçoit les lettes patentes, le 24 mai 1822. Bernardin, outré par l'injustice, tente de reprendre sa concession par le biais d'une pétition, le 18 novembre 1825. C'est le notaire Frédéric Rollette qui la rédige. Des lettres de ses anciens compagnons d'armes témoignent de son bon droit. Toutefois l'affaire en reste là. Ayant déménagé à William Henry (Sorel) à l'été 1841, suite à une faillite à Nicolet, Bernardin pétitionne à nouveau, avec le secours de Rollette, pour reprendre son lot dans le canton de Grantham. Finalement la Couronne, pour régler l'imbroglio, lui propose une somme de 30 livres, pour la cession de ses droits sur son lot dans le canton de Grantham.

    Avec cet argent, il s'installe alors, vers 1846, à Saint-Félix de Kingsey où il décède le 16 avril 1857, à l'âge de 73 ans. Ses descendants se répanderont dans l'ouest du pays et aux États-Unis. La vie de ce vaillant soldat du régiment de Meuron fera ensuite l'objet, en 1995, de trois publications intitulées The Vôge : Homeland of Jean-Baptiste Bernardin, The Military Career of Jean-Baptiste Bernardin et Jean Baptiste and his Hundred Acres, l'auteur étant Charles W. Bernardin, de Pennsylvanie, un descendant passionné d'histoire.

    .

    .
    Signature du vétéran Jean-Baptiste Bernardin sur son acte de mariage

    Des soldats de Napoléon

    Quelques généalogistes et historiens dont Joseph-Charles Saint-Amant ont avancé l'hypothèse que plusieurs vétérans du régiment de Meuron établis au Bas-Canada n'étaient pas seulement des mercenaires suisses mais également d'anciens soldats de l'armée de Napoléon faits prisonniers par l'armée britannique et recrutés par le Régiment de Meuron. Le manque de preuves et de précisions pour étayer cette affirmation a relégué cette légende aux oubliettes jusqu'à nos jours.

    C'est le professeur Charles W. Bernardin de Pennsylvanie qui le premier, grâce à une précieuse collaboration de l'archiviste Marie-Annick Hepp de l'Armée de terre de France, a pu établir les faits de base dans le cadre de l'étude sur son ancêtre intitulée The Military Career of Jean-Baptiste Bernardin. Selon cette étude, Jean-Baptiste Bernardin, vétéran de Meuron, se serait engagé en premier lieu dans le 9e Régiment d'Infanterie Légère des armées de Napoléon, le 17 novembre 1806, puis aurait été transféré, le 1er juillet 1808, dans le 33e Régiment d'Infanterie Légère. Ce régiment, alors même qu'il était en formation, sera envoyé en Espagne et fait prisonnier à la bataille de Bailén, le 18 juillet de la même année. Et ce serait sur les pontons espagnols où il était retenu prisonnier, depuis près d'un an, que Jean-Baptiste aurait été recruté par le Régiment suisse de Meuron, le 9 juin 1809.

    La première partie de cette étude a été vérifiée. Au registre du petit village de France du nom de Ruaux, conservé aux Archives départementales des Vosges, à Épinal, on peut lire :

    Jean Baptiste fils de Jean François Bernardin de Ruaux
    laboureur et d'Anne Marguerite D'Autel son épouse est né
    le vingt trois a huit heure du soir et a été baptisé le lendemain
    vingt quatre janvier mil sept cent quatre vingt quatre.  il
    a eût pour parrain Jean François Tyrion de Ruaux et pour
    marraine Madelaine Perrin de Plombière [les-Bains] soussignés

    M. Perrin          J. Thirion             Jy Vimy prêtre

    Et en ce qui concerne la deuxième partie, la liste de contrôle du 9e Régiment d'Infanterie Légère des Armées de Napoléon, disponible aux Archives de l'Armée de terre de France, est claire à ce sujet. Bernardin est là et a bel et bien été transféré, le 1er juillet 1808, dans le 33e Régiment d'Infanterie Légère. Toutefois, le doute demeure quant à la troisième partie, le 33e Régiment d'Infanterie Légère n'ayant pas eu de liste de contrôle. Il a été capturé alors même qu'il était à se constituer.

     
    Des immigrants

    Pour consolider la colonie, la Couronne accorde également des terres à plusieurs immigrants écossais et irlandais :  Joseph Clerk (Clarke), Joseph Griffiths, James Green, Patrick Clarke, Thomas Clampet, Samuel Jones, Mathew Mutz, William Power (maître d'école), Michael Toomy et bien d'autres. Ils se rassemblent à William Henry (Sorel) ou au port Saint-François et de là, ils cheminent vers leurs concessions.
     

    McAffrey et Travers

    Quoiqu'en dise le notaire Saint-Amant, McAffrey et Travers n'étaient pas des vétérans du Régiment de Meuron. Les textes nous laissent voir une réalité tout autre. Hugh McAffrey (ou McCaffrey) et Patrick Travers, selon la liste des concessionnaires du canton de Grantham, étaient d'anciens soldats britanniques du 1er ou du 3e bataillon du 27e Régiment d'infanterie, soit le Royal Inniskilling Fusiliers, arrivé au Bas-Canada en août 1814. McAffrey fut concessionnaire du lot no 2 du 6e rang sur la carte du canton de Grantham de 1817 de l'arpenteur Bouchette et Travers fut concessionnaire du lot no 6 du 4e rang sur la même carte.

    Maurice Vallée



    2) L'établissement du village de Saint-Germain-de-Grantham


    Page créée le 27 septembre 1998 et mise à jour le 17 mars 2016
    Retour à la page thématique
    © 1998-2016 Maurice Vallée
    * Veuillez respecter le droit d'auteur *